   
La fable, l‘intrigue et le cadre de l’Epidémie sont simples :
réunion du conseil municipal
d’une petite ville portuaire de garnison, un lendemain de réveillon.
Cette séance “extraordinaire” a été convoquée de toute urgence par
Monsieur le Maire parce qu’une épidémie vient de se déclarer à la
caserne. On (la rumeur) avance que la maladie aurait été provoquée
par l’ingestion par les soldats de viandes avariées, d’eaux pas très
limpides ... Ces viandes contaminées et ces eaux troubles
prennent, à la lecture de la pièce de MIRBEAU (représentée pour la
première fois en 1898), des résonances très actuelles ...
   
L’adaptation réalisée travaille le texte dans le sens d’une
actualisation des situations, des comportements, du langage. Le conseil
municipal ici assemblé s’offre comme un microcosme de la scène
politique. Les édiles respectables, acteurs de cette situation de
huis-clos, abandonnent peu à peu le masque de leur respectabilité pour
se livrer à visage découvert — un visage que rongent l’ambition
personnelle, l’inféodation aux obédiences idéologiques, la
flagornerie, et autres comportements peu flatteurs. Dans ce portrait de
groupe pour individus en quête de pouvoir, les traits sont, sans
doute, à peine grossis
...
   
MIRBEAU avait la fibre critique virulente, le verbe caustique, la langue
acérée; d’une lucidité à toute épreuve, il était animé par un
sens aigu de l’observation, du sarcasme, de la dérision, de la
caricature : nous nous sommes efforcés de restituer ces traits saillants
de son écriture pour un public d’aujourd’hui.
   
Notre
travail, axé sur le jeu de l’acteur et l’idée de compagnie
(compagnonnage pour une aventure artistique), fait appel à la dynamique
de la présence de chacun, à la cohésion et à la cohérence du groupe
— plutôt qu’à une dimension délibérée de “spectaculaire” : la
scénographie, ainsi, sera réduite aux stricts éléments indispensables.
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